La Malédiction du Plastique: La Chimie C’est Plutôt la Mort


Il suffisait de regarder Arte le 7 août dernier pour comprendre, si besoin était, que « La chimie c’est la mort » en lieu et place du « la chimie, c’est la vie » de la multinationale BASF.
Dans cet excellent documentaire « La Malédiction du Plastique », le réalisateur américain nous emmène dans un périple allant des tourbillons de déchets du Pacifique à l’Europe des pays écolo-avancés (Allemagne, Danemark..), en passant par les USA et le Canada plus gros pollueurs de la planète, à l’Inde pays émergent en danger de sa propre pollution.
En fil rouge, nous avions les propos truffés de mensonges d’un membre du lobby américain de la chimie, propos qui alternaient avec les témoignages de scientifiques, membres d’associations et particuliers engagés pour faire bouger les choses comme les mentalités.

Côté négatif, nous découvrons ou redécouvrons que:
– les océans s’avèrent constellés de déchets plastiques au point de pouvoir parler de soupes plastiques, ces échantillons où il y a plus de plastiques que de nourritures marines.
– les USA produisent 50 millions de tonnes de plastique en une année… mais que seulement 5% est recyclé
– les plastiques (et plus exactement les produits chimiques incorporés dans les plastiques) produisent des gaz et substances toxiques, mutagènes et cancérigènes, avec au menu (liste non exhaustive), cancer de la prostate, anomalie du cerveau, difficulté d’apprentissage, et même dérèglement de l’expression des gènes par les phtalates, ces phtalates intégrés dans les plastiques
– qu’il y a encore en 2012 de gros problèmes de cohérences des emballages: jusqu’à 6 sortes de plastique pour un même produit qui le rendent impossible à recycler

Côté positif, les idées et initiatives privées, associatives, étatiques et scientifiques prennent heureusement le relais à divers endroits du globe:
– En Allemagne une société a développé un concept où les déchets plastiques peuvent se transformer en source d’énergie. Des bactéries mangent de l’huile de styrène (issue du polystyrène) et fabriquent du plastique! Mieux, celui-ci fait partie des plastiques 100% biodégradables!
– Au Texas, chez Tietek, on recycle les plastiques en fondant les déchets pour en faire des traverses de chemins de fer en plastique, imputrescibles, recyclables, exportables partout dans le monde puisque les gabarits de traverses restent identiques.
– A l’instar des pays nordiques et germains, il faut retourner aux systèmes de consigne qui oblige « moralement » via le porte-monnaie, les particuliers à rapporter leurs emballages recyclables.
– Citons quelques entreprises nées bien souvent d’initiatives personnelles: plantic et son bioplastique, natureworks et son plastique fabriqué à partir de plante!, patagonia et ses vêtements fabriqués à partir de plastique recyclé, biopak et ses couverts de picnic jetables biodégradables

EcoPlastique par Plantic

Veste à capuche Patagonia en polyester recyclé (à partir de bouteilles de soda, de tissus de second choix inutilisables et de vieux vêtements en polyester)

Les traverses TieTek

Source image media.paperblog.fr

Côté lobbying, le culot, le mensonge et le cynisme demeurent.
Le représentant américain interrogé ose accuser les gens d’une mauvaise éducation, de vrais « cochons », en voyant ces animaux marins morts d’avoir ingurgité du plastique.
Un peu trop facile puisqu’on retrouve aussi et souvent des granulés de résine industrielle, la source même de production de plastique.
Comme quoi les industriels et donc la filière entière sont responsables et coupables, s’attaquer systématiquement aux clients reste un raccourci stérile et stupide.
Pire, on constate que le lobby s’oppose même aux entreprises produisant du plastique recyclables. Preuve qu’il y a une mauvaise foi totale comme une inconscience. Alors que le lobby devrait justement en faire l’apologie: Non au plastique non recyclé, non biodégradable, oui aux plastiques verts!
Il faut croire que ce corporatisme a plutôt intérêt à empêcher le recyclage afin d’accroitre la dépendance et la production plastique, gage de rentabilité maximale!
Exemple concret des actions néfastes du lobby chimique: l’exemple en Inde, où les représentants locaux du gang des plastiques a forcé le gouvernement à définir d’un point de vue législatif ce qu’est un sac en plastique… pour mieux contourner la loi. Une fois l’interdiction promulguée, les industriels se sont empressés de fabriquer des poches sans anse et donc légale… « Vive le profit, non à la protection de l’environnement » semblent revendiquer les financiers de la chimie.
Si le lobby de la chimie produit du plastique, alors il devrait être obligé d’assurer le recyclage de tous les déchets plastiques en versant une cotisation à des organismes indépendants et sans but lucratif.
Cette cotisation devrait être revue chaque année suivant les volumes de déchets à traiter, ceci afin de s’adapter le plus possible au besoin réel.
En outre, la législation devrait imposer des emballages optimisés ne mélangeant pas les matériaux (plastiques, métal ou divers plastiques) et en parallèle promouvoir la fabrication et l’utilisation des plastiques verts.

Comme trop souvent, on s’aperçoit dans un simple reportage, que le problème décrit peut être résolu. Inutile d’attendre encore 15 ans, d’espérer que des scientifiques en blouse blanche cherchent et trouvent, tout en croisant les doigts.
Non, les entreprises savent déjà faire! Les plastiques biodégradables, recyclés et recyclables ne sont pas un délire d’écolo baba. Ils existent! Depuis plusieurs années, la R&D a déjà fourni les solutions industrielles au cycle de vie du plastique.
Mais le lobby de la chimie a tout intérêt à mettre des bâtons dans les roues des petites entreprises innovantes afin de garder aux multinationales leaders de la chimie leur hégémonie.
Pour le plus grand malheur de la faune comme de la flore de cette planète.

Reportage à voir sur Arte replay.

Plus d’infos ici:
TieTek et ses traverses écolos
Plantic et son bioplastique
Natureworks plastique fabriqué à partir de plante!
Patagonia et ses vêtements fabriqués à partir de plastique recyclé
Biopak et ses couverts de picnic jetables biodégradables